Syndicalisme en France : chiffres, histoire, et idéologies

Si 40 % des Français accordent leur confiance aux syndicats, près de la moitié des Français considèrent que l’action des syndicats en entreprise n’est pas suffisamment efficace (baromètre Science Po – Cevipof, 2024)

Fort de notre expérience en conseil et formation, nous constatons depuis près de 30 ans que la performance économique des entreprises ne peut avoir lieu sans performance sociale et qu’un dialogue social continu est nécessaire entre les DRH, managers, représentants du personnel et syndicats.

Ainsi, pour pouvoir travailler avec ces derniers, il faut pouvoir comprendre leurs tenants et aboutissants.  Combien de salariés sont membres d’un syndicat en France ? Quelles sont les différences entre les syndicats ? Comment peut être résumée l’Histoire syndicale en France qui explique le présent ?  Quels sont actuellement les syndicats les plus importants en France ?

Nous vous embarquons dans un “voyage en pays syndical”, où nous répondrons à tous ces questionnements.


Combien de salariés syndiqués en France ?

Alors que le taux de salariés syndiqués en France était de 30% dans les années 70, le pourcentage de salariés syndiqués en France est actuellement de 10% selon les derniers chiffres de l’Insee (2019).

Ainsi, la France fait partie des pays d’Europe dont la proportion de salariés membres d’un syndicat est la plus faible. Nous sommes loin derrière les 23 % des Anglais ou les 67% du Danemark !

Pour autant ces chiffres de syndicalisation sont à relativiser : dans certains pays, les accords et avantages ne bénéficient qu’aux salariés adhérant au syndicat qui est à l’origine des négociations. Et ces syndicats sont plus des syndicats de services qu’idéologues.

 

Histoire syndicale Française : quelques dates importantes

 

1791 : Interdiction de l’association professionnelle et des grèves par la loi Le Chapelier. Cette mesure intervient à l’origine pour mettre fin à certaines dérives des corporations sous l’ancien régime et pour des raisons plus liées à la facilité de l’organisation du travail par l’employeur.

1884 : la loi Waldeck-Rousseau autorise officiellement les syndicats en France, mettant ainsi fin à la loi Le Chapelier. Pour autant, de nombreuses chambres syndicales existaient déjà et étaient jusqu’alors tolérées.

1906 : la Charte d’Amiens, rédigée à l’occasion d’un des congrès de la CGT, établit le principe d’indépendance des syndicats vis-à-vis des partis politiques (ainsi que 2 autres points que nous détaillerons ci-dessous).

1936 : les accords de Matignon issus de négociations syndicat-patronat donnent lieu à de multiples progrès sociaux. Hausse des salaires, semaine de 40 heures, extension des conventions collectives, 15 jours de congés payés (ne figurant pas dans les revendications initiales syndicales et déjà en place dans des entreprises paternalistes)

1945 : À l’issue de la Seconde Guerre mondiale, les avancées sociales reprennent : création du comité d’entreprise et de la Sécurité sociale, mise en place du salaire minimum interprofessionnel de croissance (SMIC), vote de la loi sur les conventions collectives.

1968 : Création des délégués syndicaux et des sections syndicales d’entreprise.

2008 : La loi change en matière de représentation syndicale : les syndicats doivent recueillir au moins 10% des votes lors des élections professionnelles pour pouvoir être invités aux négociations des accords collectifs. Ceci a permis de réduire la diversité syndicale en entreprise et de faciliter les négociations avec moins d’acteurs

2017 : Les ordonnances Macron fusionnent les rôles du comité d’entreprise, du comité d’hygiène et sécurité au travail et des délégués du personnel, en créant le CSE, comité social et économique.

À l’origine des différences entre les syndicats : des doctrines divergentes

La spécificité du paysage syndical français repose principalement sur le fait que les syndicats ont chacun une ligne idéologique claire, à l’origine de leur création, qui influence leur champ d’action. C’est ce que l’on appelle l’”émiettement syndical” : une myriade de syndicats coexiste avec des idéologies distinctes.

On distingue notamment 2 idéologies principales, à l’origine des plus anciens syndicats que sont, la CGT (1895) et de la CFTC (1919) :

  • La doctrine anarcho-syndicaliste : elle peut être définie par les principes qui figurent dans la Charte d’Amiens de 1906 créée par la CGT. Cette charte prône l’auto-émancipation de la classe ouvrière, l’expropriation capitaliste, la grève générale et l’indépendance vis-à- vis de la politique.Ainsi la CGT, CGT-FO et s.u.d, se réfèrent dans leurs statuts à cette doctrine anarcho-syndicaliste.- La doctrine sociale chrétienne : elle se fonde sur l’Evangile qui révèle le caractère unique de la personne ce qui confère à chacun une dignité équivalente, appelant ainsi à une relation équilibrée entre patron et collaborateur.Ainsi la CFTC affiche dans ses statuts un attachement aux valeurs morales chrétiennes. Quant à la CFDT, née d’une scission avec la CFTC en 1964, elle s’inscrit dans la tradition chrétienne progressiste, en prônant des valeurs d’émancipation et de solidarité.

Syndicalisme d’opposition et syndicalisme d’accompagnement

Les différences entre ces doctrines permettent d’établir un classement des syndicats français en deux groupes distincts, que nous avons pu établir au cours de nos 30 ans d’expérience dans le champ du dialogue social, en matière de conseil et de formation. Ainsi, on distingue :

  • les syndicats d’opposition : lorsqu’un désaccord fait surface, ces syndicats établissent généralement un rapport de force, imposent parfois un blocage, et entament des négociations dans un second temps.
  • les syndicats d’accompagnement : ils privilégient le compromis par la négociation en premier recours, et ne font appel au rapport de force qu’en cas de solution ultime.


“La différence majeure entre syndicalisme d’opposition et syndicalisme d’accompagnement, c’est l’installation première d’un rapport de force (opposition) et la recherche d’un compromis (accompagnement)”

Classement des syndicats en France

 

Place au présent désormais !  Selon les derniers chiffres de 2022, la CFDT compte 610 000 adhérents, dépassant ainsi de justesse son adversaire historique, la CGT qui dénombre 605 562 adhérents.

Viennent ensuite la CGT-FO avec ses 380 000 adhérents, l’UNSA et ses 200 000 mandats. Enfin, FSU, la CFTC et s.u.d.-Solidaires se talonnent, comptant chacun 160 000, 140 000 et 101 000 mandats.

Selon les chiffres de l’Insee, les syndicats dans lesquels les Français ont la plus grande confiance, sont la CGT et la CFDT, chacun recueillant 29% des voix à la question “à quels syndicats faites-vous le plus confiance pour améliorer la situation des salariés ?”. Force Ouvrière, la CFTC et s.u.d arrivent derrière avec respectivement 16%, 10% et 8% des voix.

Conclusion

Ce paysage syndical français, dont nous héritons aujourd’hui, peut être caractérisé selon 4 points : sa mobilisation fréquente, incarnée par la figure du militant, sa diversité tant en termes de population et d’idéologies, son instabilité chronique et sa faible importance numérique comparée aux nombreux domaines de négociation.

Salariés, managers, DRH, dirigeants : une bonne connaissance de l’histoire syndicale et de son actualité ne peut être qu’un atout pour la performance sociale de votre entreprise.

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